Magic mushroom
Botafogo n’est pas un quartier très fréquentable. C’est en tout cas la conclusion d’une enquête réalisée par Mind’s Eye, dont on aurait pu se passer avec un peu de jugeote. Mais s’il y a bien un coin qu’il vaut mieux éviter lorsque l’on est étranger, c’est la rue de La Santa Vidia, une petite communauté à l’intérieur même de Botafogo.
La pègre locale, composée d’à peu près l’ensemble des résidents (on pense que les enfants de moins de dix ans n’en font pas encore partie, mais l’hypothèse est encore sujette à caution), tire ses maigres ressources d’une particularité des lieux. La plupart des habitations sont construites sur des grottes datant probablement de la révolution de 2012, à l’époque où l’armée américaine s’amusait encore à faire des gros trous dans tout ce qui pouvait la contrarier. Les habitants ont toujours évité les sous-sols à cause des risques d’effondrement, mais le jeune Pedro Rincon, qui voulait probablement défier l’autorité d’une mère trop possessive, y fit une découverte qui changea profondément le mode de vie des résidents alentour. L’humidité des lieux conjuguée à certaines émanations toxiques dont on ne sait pas trop d’où elles proviennent -mais c’est parfois mieux comme ça- a permis la prolifération de jolis petits champignons multicolores qu’un enfant curieux ne pouvait décemment pas laisser ici.
Quelques crises d’hallucinations plus tard et visites clandestines dans les sous-sols par les enfants de La Santa Vidia, les adultes ont commencé à sérieusement s’intéresser au phénomène. D’abord parce que ça avait l’air bon ce truc, et ensuite parce que ça pouvait rapporter gros. Le trafic de cette nouvelle variété de champignons hallucinogènes a pu alors se développer tranquillement et trouva rapidement sa clientèle, notamment chez les Eyldar, toujours prêts à goûter les diverses joies de ce monde. Bien sûr cela n’a pas manqué d’ameuter quelques personnes peu fréquentables dans le coin, mais la solidarité des habitants de La Santa Vidia leur a pour le moment permis de garder la mainmise sur le trafic.
Et mes personnages dans tout ça ?
Le carnaval de Copacabana vient juste de commencer, ce qui amène pas mal de beau monde dans la ville, ainsi que du moins beau. Les PJ viennent d’accepter une mission d’escorte pour du matériel de guerre à destination de la FEF. Quoi, vos PJ sont pacifistes et refusent le trafic d’armes ? Dans ce cas ils ne savent pas ce qu’ils transportent, voilà tout. Après avoir graissé la patte de quelques manutentionnaires du Starport, ils chargent donc le matériel dans leur cargo (ou un autre s’ils n’ont pas leur propre cargo, bien sûr). Quoi qu’il en soit, il se trouve que la période du carnaval entraîne quelques excès à Copacabana, et notamment chez les dockers du Starport. Ceux-ci ont chargé les cargos avec un taux d’alcool dans le sang qui ne permet décemment pas d’exercer la moindre activité professionnelle, à moins éventuellement d’être employé comme cascadeur prêt à tout, mais la conjugaison des deux entraîne souvent une fin de carrière fracassante.
Les PJ se retrouvent donc par erreur avec une pleine cargaison de champignons hallucinogènes qui était destinée à l’origine à des lunes de l’espace eyldarin où l’on voulait goûter à cette petite merveille. Autant dire tout de suite que la plaisanterie n’est pas, mais alors pas du tout du goût du client des PJ qui attend ses armes avec impatience et qui n’a que faire d’une quelconque spécialité culinaire copacajun, surtout avec autant d’effets secondaires. Les PJ vont donc devoir rentrer à Copacabana pour comprendre ce qui a bien pu se passer, et lui ramener fissa son matériel sous peine d’avoir à se carrer tous ces champignons où il pense. Il faut préciser que leur client est d’ordinaire un homme charmant mais que la guerre est un sujet sensible, on l’excusera donc de son langage parfois fleuri. Gageons que le trajet du retour pourrait être des plus amusants si des PJ curieux décidaient de goûter à ce qu’ils avaient en soute.
Le problème à Copacabana c’est que, ronds comme ils l’étaient, les dockers n’ont plus trop de souvenirs de ce qui s’est passé ce jour-là. Il ne reste donc qu’à chercher quelques capucins au courant de ce trafic pour savoir à qui était destinée la cargaison, afin de pouvoir faire l’échange dans de bonnes conditions. Cela ne devrait pas être trop compliqué, ils peuvent même trouver ces informations auprès de la Douane, qui laisse faire ce petit trafic pas bien méchant en profitant occasionnellement de la marchandise pour organiser quelques soirées select, où les douaniers s’échangent leurs meilleures prises.
Une fois mis sur la piste de La Santa Vidia, il leur faut se rendre dans le quartier pour prendre contact avec les responsables du trafic, qui acceptent de les rencontrer dans une petite bicoque sordide pendant que les spectacles battent leur plein à l’extérieur. Eux non plus n’ont pas été accueillis avec le sourire par leurs clients, et ils sont tout à fait enclins à l’échange. Ceci dit ils se méfient comme de la peste des trafiquants d’armes -et on les comprend-, ce qui fait que les conditions de l’échange risquent d’être assez draconiennes. Une fois trouvé un terrain neutre avec si possible quelques témoins afin d’éviter que ça dégénère, tout devrait pouvoir rentrer dans l’ordre.
Histoire de corser un peu la chose, on pourrait ajouter que les PJ travaillent sans le savoir pour Cash & Kill, qui ne voit pas d’un très bon œil que ses armes se retrouvent dans la nature, et qui pourrait décider de régler tout ce fatras à grands coups de lance-flammes. De même les hommes de La Santa Vidia pourraient décider de les doubler en gardant les deux cargaisons, ce qui risquerait d’achever cette aventure dans un bain de sang général.