Historique (Paris)
Paris - Historique
Origines
Alors que la plupart des capitales européennes n’étaient que cendres radioactives ou ruines abandonnées aux pillards, Paris était plus ou moins intacte. Le gouvernement trotskiste qui y prit le pouvoir put, dès les premiers jours de l’après-guerre, lancer des travaux de grande envergure que ce soit pour la défense de la ville ou pour la protéger des inondations causées par le climat fort perturbé. Il est amusant de noter que ce furent les mêmes trotskistes qui forcèrent de nombreux mouvements religieux à se terrer dans les souterrains, cela marqua le début des églises et cultes souterrains à Paris.
L’émergence de Paris comme capitale culturelle devint apparente avec l’avènement des Bonapartistes en 2020: les têtes couronnées d’Europe avaient trouvé leur havre. Alors qu’ailleurs en Europe la Ruinenpolitik cherchait un avenir et que les préoccupations tournaient plus autour de la survie, Paris devint naturellement gardienne du passé et de la culture. Cette tendance fut renforcée par la déliquescence de ce que fut la France.
L’afflux des capitaux couronnés permit naturellement de subventionner le faste de la vie de la cour, mais aussi l’apparition de certains points d’excellence académique. La structure universitaire en place ayant survécu tant bien que mal aux années d’ombre, elle servit de base à de nombreuses hautes écoles qui n’eurent aucun mal à imposer leur supériorité. Un certain nombre d’entreprises de haut technologie virent également le jour, incorporant souvent de multiples éléments de l’appareil militaro-industriel de ce que fut la France.
Les Années de Lumière
Paris ne devient la capitale culturelle européenne, voire terrienne qu’avec l’ascension au pouvoir de Jacques II. Sa cour est la plus brillante de la Terre; Tout le gotha planétaire se bouscule pour y entrer et la mode terrienne n’est que le reflet des tendances des artisans de la cour. Alors que la terre s’engage dans la quatrième guerre mondiale, les bals du roi sont comme l’image d’un passé magnifique: les ambassadeurs, qu’ils soient américains ou highlanders, redécouvrent les uniformes de gala et la valse. Le français redevient la langue de la diplomatie. Les explications à cet apparent paradoxe furent multiples, mais la principale fut le besoin des deux parties de se fabriquer une façade civilisée dans une guerre ou les deux principaux protagonistes ont des identités assez peu claires.
Durant un demi-siècle, Paris représente le pays de rêve et son roi devient un symbole de la culture européenne: La médaille du courage royal, remise aux héros de la contre-offensive de 2089, parvient même à devenir la médaille la plus prisée. La cité devient aussi le royaume de la cité des plaisirs et de la jouissance, depuis le libertinage jusqu’à la nourriture naturelle en passant par les fastes de la décoration. La beauté et le faste sont les divinités dont le roi est à la fois l’ambassadeur et le Grand Prêtre.
Le règne de Jacques II vit le retour des modes néos: néo-médiévale, néo-renaissance, néo-baroque (et surtout néo-rococo), néo-classique (techniquement le néo-néo-classique mais on ne va pas chipoter), néo-romantique évidemment, voire discrètement néo-impériale. Le tout se mélangea rapidement et joyeusement pour devenir la "mode néo": tous les fastes furent permis, pour peu qu’ils s’inspirassent du passé.
Les années de lumière virent aussi la mise en place ou la restauration des grandes institutions parisiennes, depuis l’Académie française jusqu’aux multiples musées en passant par les innombrables écoles d’art ou d’artisanat. Ce fut Paris qui sauva la langue française menacée par les velléités pan-européennes du mélange gemano-anglais que la confédération européenne désirait imposer à l’époque. Cette langue devait permettre une certaine unification culturelle (exactement au même titre que le Galactique de la Fédération des hautes-terres) et devait devenir la langue nationale de référence. À la mort de Jacques II, Paris possédait plus de musées que les États-Unis d’Amérique et plus d’orchestres philharmoniques que la Fédération des hautes-terres.
La Chute
La grandeur de Paris survécut à la chute du Roi Jacques II, ainsi qu’au chaos politique qui suivit. La mainmise parisienne sur la culture terrienne fut mise en péril par un vaisseau spatial. En entrant dans la Sphère, les nations terriennes furent confrontées à un nouvel univers culturel: le monde eyldarin. Une culture énorme, très riche et très ancienne - son dernier soubresaut datait de l’époque où la ville ne s’appelait encore que Lutèce.
Tout à coup la mode fut eyldarin: étoffes et pierres précieuses venues des étoiles, bois exotiques et artisanat militaire rabaissèrent Paris au statut de capitale provinciale et le français à l'état de patois local. C’est à cette époque que de nouvelles villes émergèrent de leurs chantiers pour prétendre au titre de capitale culturelle: Central City, Ringstadt… Le climat de quasi-guerre civile à l’intérieur de la ville de 2124 à 2126 n’aida naturellement pas à redonner confiance en la ville.
Le coup de grâce vint en 2143 avec l’excommunication de l’archevêque de Paris par le Pape. Jusque là, le clergé parisien avait joui d’une totale impunité et pouvait ainsi pêcher en paix. Aux accusations de satanisme celui-ci déclara son indépendance en décrétant le satanisme religion officielle avec lui comme anti-Pape. Il ne put jouir longtemps de son nouveau pouvoir, le satanisme explosant en une multitude de sous-cultes. La seule chose qui empêcha la guerre civile fut l’offensive de la Fédération des hautes-terres sur Alt, qui eut pour effet de remettre tout le monde dans ses petits souliers. Lorsque le Pape excommunia l’archevêque frondeur, celui-ci avait déjà péri dans un accident pour le moins suspect.
Malgré les schismes, le satanisme resta et gagna en influence. Il finira par parvenir à une certaine cohésion douze ans plus tard. Comme le pape de l’époque était plutôt extrémiste, la plupart des autres communautés religieuses approuvèrent tacitement ce mouvement plus faible et plus tolérant. Pour beaucoup de fidèles cela ne fut qu’un changement de tête, des locaux remplaçant le Pape en haut de la hiérarchie. Du point de vue du dogme cela ne fut que la continuation de l’évolution religieuse de la cité. En effet, pour nombre de Parisiens, le fait que Paris ait été épargné durant l’apocalypse était un signe. Durant les années qui avaient suivi les échnages nucléaires, on avait vu l’apparition d’un courant chrétien affirmant que l’Antéchrist serait né à Paris le 25 décembre fatidique. Bien que secret, ce mouvement eut une formidable influence, qui fut à la base du dogme sataniste avec certains texte ésothériques comme l'Évangile de Pieplus. Les mouvances sataniste ne retournèrent dans le giron du Vatican qu'avec la fondation et l'acceptation de l'Église lucyférienne réformée.
Le Renouveau
Paris vivota cinquante ans durant sur la gloire passée du règne de Jacques II. Les modes devinrent plus discrètes, plus cachées. Bientôt, fêtes et rites ne se célébrèrent que sous la surface de la terre. C’est là que se développa ce qui sera bientôt la nouvelle culture parisienne. Par effet de réaction, tout ce qui était eyldarin fut considéré comme de mauvais goût. Il ne s’agissait plus de faire “comme avant” mais de faire “pas comme les Eyldar”.
Peu à peu, Paris s’imposa comme l’alternative crédible à l’hégémonie culturelle eyldarin. L’endroit chic et underground où les humains pouvaient être plus que des Atalens dégénérés. Ce renouveau, mais surtout la prise de conscience qui l’accompagnait furent surtout l’œuvre de Napoléon VII. C’est lui qui peu avant son abdication déclare: "Les Eyldar, c’est pratique mais pas sexy…"
Après la débâcle de la Fédération des hautes-terres face à la République eyldarin, celle-ci apparaît comme une entité toute puissante: intervenant discrètement dans les guerres nucléaires, sauvant des populations entières, immobilisant des flottes entières, offrant des planètes en cadeau. Le spectre d’une tutelle eyldarin marqua durablement l’ego collectif humain. Paris prit naturellement le rôle de cité dans un domaine ou la concurrence eyldarin ne se ferrait pas sentir.
Des historiens firent naturellement remarquer qu’en cherchant ainsi à s’opposer à la République eyldarin, la culture parisienne se rapprochait insensiblement des fastes de l’Arlauriëntur. La perception publique étant surtout centrée sur la structure et le style de vie improbable de la république, peu de gens sur terre avaient connaissance des détails de l’Arlauriëntur (les Eyldar furent aussi très discrets sur le sujet).