La Casa Mamma
Sous ses faux airs de pension de famille défraîchie, dans un des coins les plus sordides de Rio Norde, cet hôtel minable semble tout droit sorti d’un film de Jean-Pierre Jeunet ; par moment, on s’étonne même que le décor ne soit pas en noir et blanc.
Mais la Casa Mamma cache bien son jeu. La plupart des chambres ont deux, voire trois sorties, les officieuses étant très discrètes. Le bâtiment lui-même – à vrai dire, tout le pâté de maison – est truffé de passages secrets et autres portes dérobées, plus quelques chausse-trappes anti-poursuivants.
C’est donc un lieu très prisé pour les gens en délicatesse avec la Loi et l’Ordre, sous toutes ses formes. Le personnel de maison y est formé à la résistance passive, active et même très active. Les tarifs pour une protection rapprochée y sont élevés, mais l’établissement n’a jusqu’à présent jamais été pris en défaut.
Malgré tous les services rendus à la pègre, la Casa Mamma n’a jamais été sérieusement inquiétée par la Condor. Si, officiellement, les tenanciers ont largement les moyens de noyer les flics sous des hordes d’avocats méchants, on soupçonne aussi une forme d’accord avec les autorités, qui, dit-on, profitent elles aussi du lieu pour y faire résider des personnes en mal de discrétion. La Casa est apolitique.