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Historique (Copacabana)

De Tivipédia

La légende de Copacabana veut qu’elle soit née avec les premières discriminations envers les Mutants : une société d’exclus, réplique utopique et libertaire à l’État américain. C’est un peu exagéré.

Avant Copacabana

Les premiers camps pour mutants sont créés dans la foulée du « décret Pasada », qui entre en application le 1er mars 2002 et qui considère les mutants comme des dangers potentiels pour la société. Les deux autres camps de Rio de Janeiro (Ilha de Governador et Niterdi) ferment en 2006 et tous les mutants sont transférés alors à Copacabana. Dans le même temps, mutants et opposants politiques à la Pax Americana qui règne sur le sous-continent esquissent un timide rapprochement.

Fondation de la Ville libre

Au début des années 2010, on commence à entendre parler d’un certain Kelvin Altahuana. Amérindien, avocat, et doté d’un charisme certain, il fédère les clans, noue les alliances avec les politiques, organise la rébellion et, le 24 janvier 2012, annonce la fondation de la Ville libre de Copacabana.

Les Américains, qui ont toujours eu horreur de se faire piquer leurs bonnes idées (surtout si c’est pour les utiliser contre eux), envoient la police, puis l’armée. Mais le quartier est défendu maison par maison, les combattants utilisent des tunnels pour attaquer les positions arrière ; en bref, Copacabana devient un Viêt-Nam urbain, avec encore plus de caméras.

Trois semaines après le début de la révolte, les autorités américaines jettent l’éponge, mais la Ville libre doit attendre encore deux ans pour être reconnue par la communauté internationale. Elle reste alors un bidonville crasseux, vaguement autonome, physiquement séparé de l’opulente Rio de Janeiro : les bondes font demi-tour dans Botafogo – quartier-frontière où zonent squatters et criminels – et les services d’approvisionnement en eau et en électricité s’arrêtent à la lisière du quartier.

Vers 2040, quelques années après la fin de la crise économique engendrée par la Troisième guerre mondiale, la Ville libre s’oriente vers les activités culturelles et devient en quelque sorte le quartier à la mode de Rio, puis une référence mondiale dans le domaine des arts. Entre 2040 et 2053, d’autres territoires cariocas (Ipanema, Leblon, Jardin Botanico) se rallient à la Ville libre plus ou moins calmement, mais les montagnes forment toujours une frontière plus que symbolique entre Copa-la-mutante et Rio-l’Américaine.

Après le 23 avril 2053, Kelvin Altahuana et le général Eduardo Della Montes (petit-fils du commandant en chef des forces de sécurité de Rio de Janeiro, à la tête des forces américaines lors de la répression des révoltes de 2012) lancent le rapprochement entre Copacabana et Rio. Della Montes devient un des plus chauds partisans d’une réconciliation nationale et de la fin de la discrimination anti-mutants ; il est élu maire de Rio de Janeiro en 2055, gouverneur en 2061, puis Président des États-Unis sud-américains en 2066 et en 2070.

Sa mort fut pour tous les Américains une tragédie.

Affaires de famille

Le revirement du général Eduardo Della Montes est de l’étoffe dont on fait les romans à l’eau de rose (nonobstant le fait que l’eau de rose n’est pas un tissu, mais laissez-moi mélanger mes périphrases en paix !). Il implique une bonne partie du clan Salion et la fille du général, Lucia Della Montes, le tout dans des circonstances vaporeuses.

Quoi qu’il se soit passé, le clan Salion considère l’affaire comme close ; si on les interroge sur la question, ils répondent à chaque fois par une explication plus farfelue que la précédente, avec l’air le plus sérieux possible. Ce qui agace tout le monde. Le clan Salion est très fort pour agacer tout le monde.

Occupation highlander et libération

Copacabana est un des objectifs principaux de l’attaque highlander de 2070. Pendant quatre ans, Copacabana et Rio de Janeiro vivent sous un régime d’exactions ; pour les soldats occupants, peu lettrés et superstitieux, les Copacajuns sont l’équivalent culturel de suppôts du Diable. On estime à 100’000 le nombre de victimes de la période 2070–2074.

Le soulèvement de 2074, appelé aussi la Seconde révolution, est considéré par beaucoup comme étant le véritable événement fondateur de la Ville libre de Copacabana, puisqu’il donna au nouvel État une cohésion nationale et ses frontières actuelles. On retrouve à sa tête le même homme que pour la Première révolution : Kelvin Altahuana.

Sa réussite est tout autant due au ralliement des populations de Copacabana et de Rio de Janeiro qu’à un soutien massif de l’Alliance nord-atlantique. De plus, pour les Highlanders, le soulèvement a lieu au plus mauvais moment et au plus mauvais endroit : au cœur de leur nouveau territoire, dans sa partie la plus riche, et la plus éloignée des zones de front.

Avec de tels ennemis...

À la réflexion, on se rend compte que les Highlanders ont fait le meilleur choix en accordant l’indépendance à Copacabana, et que celle-ci leur a rendu service en s’en contentant. Un certain nombre de signes prouvent a posteriori que l’insurrection gagnait du terrain, dans les cœurs de la population civile américaine sinon dans les rues. On peut se plaire à imaginer la suite des événements si Copacabana n’avait été que le début d’une vaste révolte du sud américain.

Artis et Astræ

Depuis la Révolution jusqu’en 2090, de gros efforts sont consacrés à la reconstruction, l’aménagement et la mise en valeur de la cité. C’est l’affaire de la population toute entière : tout le monde s’engage sur des chantiers. Les Copacajuns s’appliquent à faire de leur cité une ville à visage humain, bannissant les hautes tours impersonnelles, les ghettos de bureaux et intégrant l’industrie, le commerce et les arts dans la ville.

Le modèle plaît : dès la fin de la Quatrième guerre mondiale, de nombreux artistes, architectes et décorateurs viennent s’installer à Copacabana. La municipalité, dans un de ses rares moments de mégalomanie, décide alors de construire à Copacabana le premier Starport de la Terre.

L’idée s’impose difficilement en raison des coûts pharaoniques de l’entreprise, ainsi que de la réticence des autochtones, qui craignent de se prendre une soucoupe volante sur le coin de la calebasse. Néanmoins, après l’entrée de Copacabana au Cepmes en 2105, le financement est bouclé grâce à des investisseurs privés highlanders et l’appui de la République eyldarin.

Les travaux durent plus de dix ans et sont accomplis avec une célérité et un sérieux qui laissent pantois plus d’un expert : les travaux du Starport et du raccordement autoroutier et ferroviaire d’icelui se terminent à temps et on parvient même à l’exploit d’économiser un petit pour-cent du budget initialement prévu.

Starport modeste, Copacabana devient néanmoins un centre de transit important, apportant à la ville un afflux de capitaux et une prospérité bienvenue pour certains, un peu blasphématoire pour d’autres : Copacabana n’est plus la cité utopique des artistes et des rêveurs d’un monde meilleur, elle joue désormais dans la cour des grandes métropoles marchandes de la Sphère. Rentrée dans le rang, en quelque sorte.

Prims, M’sieur !

L’annonce de la construction du starport de Copacabana, et surtout son inauguration rapide, n’a pas fait que des heureux. Les Européens, qui avaient lancé le projet de starport à Brest bien avant, font la gueule.

Brest a en fait souffert d’un problème très européen : la mégalomanie multitête. De nombreux directeurs se succèdent sur le projet et tous veulent y laisser leur empreinte. Résultat : le projet prend vingt-cinq ans de retard (et plus personne ne se souvient des initiateurs).

Pour être tout à fait honnête, on dira que la guerre de 2086–2090 en Europe n’a pas arrangé les choses et qu’au final, Brest Pointe-de-Bretagne est une infrastructure nettement plus ambitieuse que Copacabana.

Copacabana et la Sphère

Dans le rang, vraiment ?

La politique égalitariste mise en place dès les premiers jours de Copacabana, en 2012, a durablement influencé les mentalités. Quels que soient la race, l’ethnie, le sexe, le langage ou la religion, tous les êtres doués de raison naissent, vivent et demeurent égaux devant la société copacajun – et pour parodier Einstein, ce n’est pas seulement la loi, c’est aussi et surtout une bonne idée. Et une bonne idée qui marche, ce qui est assez rare pour qu’on le signale.

De plus, si les riches ont le droit d’être riche, ils ont aussi le devoir d’assister les plus pauvres. De même, si vous êtes un génie dans un domaine, on attendra de vous que vous passiez votre savoir à ceux qui en ont besoin. Et si vous n’êtes ni riche, ni génial, mais que vous avez une grande gueule, faites de la politique !

De la politique, oui, mais pas de nationalisme. D’ailleurs, Copacabana n’a ni drapeau (c’est un rectangle de tissu blanc), ni hymne national, ni armée. Il y a bien sûr des forces de polices, mais ce sont des corps civils et qui n’ont que le but de maintenir l’ordre. La philosophie de Copacabana est simple : l’invasion du territoire national pose plus de problèmes à l’envahisseur qu’elle n’en résout et, de toute façon, à son échelle, il est illusoire – et extrêmement coûteux – de vouloir garder sur pied une force militaire efficace.

On vous avait prévenu : Copacabana est une terre d’utopie.

Copacabana lave plus blanc : les cinq raisons les plus stupides pour ne pas avoir de drapeau

  1. Pas de drapeau, pas d’armée, pas de problème.
  2. On a tout mélangé, ça a fait du blanc.
  3. C’est plus simple à dessiner.
  4. Douze heures de discussions la veille de la Copa-Copa. Pas d’idée.
  5. Pour confondre l’ennemi : « Ils se rendent, là, ou ils chargent ? »

Copacabana aujourd’hui

Copacabana est donc devenu un des pôles culturels de la Sphère. C’est aussi un centre économique majeur pour l’Amérique du Sud et, partant, pour la Fédération des hautes-terres, qui n’a toujours aucun starport planétaire civil sur Terre. La situation est paradoxale : chacun dépend économiquement de son ennemi juré – mais si la collaboration devait cesser, Copacabana aurait sûrement plus de mal à s’en remettre que la Fédération.

Au reste, l’inimitié entre Copacabana et la Fédération des hautes-terres peut paraître à l’observateur attentif plus culturelle que militaire ou économique : petites phrases assassines, propagande. Un observateur plus attentif remarquera néanmoins qu’aussi anecdotique et larvé qu’il peut être, le conflit est néanmoins présent, et pour le moins inquiétant.

D’ailleurs, depuis le début des années 2290, la tension entre les deux États a augmenté de plusieurs crans avec la montée en puissance des actions de l’ANPA (Allied Native People of America), le principal mouvement amérindien de résistance anti-highlander et anti-américain, qui utilise Copacabana comme base arrière. Le nombre d’actions terroristes imputées à des commandos highlanders infiltrés ou à des membres ou sympathisants de l’ANPA a augmenté de manière considérable à Copacabana.

Un peu contre son gré, Copacabana est devenu un centre stratégique, tant du point de vue économique que politique.