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En terre étrangère

De Tivipédia

Une des particularités de Copacabana est d’être en même temps une ville et un État-nation. Le starport lui ouvrant également les portes de la Sphère, la population expatriée est plus que conséquente : pas loin d’un demi-million d’habitants.

Pour la plus grande partie, ces expatriés se répartissent en trois catégories : le personnel d’ambassade (et assimilés), les travailleurs expatriés et les étudiants. On peut y rajouter une population transitaire : le personnel naviguant des lignes aériennes, orbitales et spatiales, en escale, ou les touristes.

En règle générale, les étrangers s’acclimatent plutôt facilement à la vie de Copacabana : la ville est elle-même très bigarrée et, malgré une solide identité propre, elle a une certaine réputation d’hospitalité et de bienveillance envers les autres cultures. On dit que le seul faux-pas vraiment grave, à Copacabana, c’est de se prendre trop au sérieux.

Au reste, il n’y a que peu de structures qui ciblent spécifiquement la population expatriée. Il existe bien quelques clubs, ainsi qu’un bureau d’accueil et de relocation, dépendant des autorités de la ville, mais la tendance est plutôt de se reposer sur les multiples particularismes culturels déjà présents et de laisser jouer un effet de « creuset ».

Leurs Excellences

À peu près toutes les nations de la Sphère sont représentées à Copacabana. Certaines, comme la République eyldarin, les Ligues atlani ou laConfédération européenne, disposent d’une ambassade conséquente et d’un personnel nombreux. C’est aussi le cas de la Fédération des hautes-terres, bien que, dans leur cas, il est préférable de se rapporter à la section « Nids d’espions » du chapitre précédent…

La plupart du temps, les représentations diplomatiques servent aussi de base avancée pour des activités culturelles et (surtout) commerciales. Certaines nations, comme Israël, Singapore et la GMS, ont d’ailleurs une ambassade principalement (voire exclusivement) centrée sur l’aspect économique. D’autres, enfin, n’ont qu’une représentation minimale, voire pas de représentation du tout. La Ligue stellaire, par exemple, n’a pas manifesté la moindre intention de planter sa tente à Copacabana. Les plus petites nations s’arrangent le plus souvent avec des consœurs plus fortunées pour, soit héberger une ambassade minimale, soit remplir les fonctions d’icelle.

À Copacabana, les représentants se retrouvent au sein du Club diplomatique. Cette association semi-officielle remplit les fonctions de club de discussion pour les ambassadeurs, de cercle mondain international et de conseil consultatif pour les autorités de la Ville libre. Il n’est pas rare que ses membres soient invités à s’exprimer sur un sujet, soit devant l’assemblée des Conselhares ou auprès des responsables des affaires étrangères. Il organise aussi bon nombre d’événements mondains, tel le bal des ambassadeurs, traditionnellement après la nouvelle année. Les réunions du Club sont aussi, parfois, le théâtre de prises de bec et de psychodrames, qui font le bonheur des chroniqueurs mondains.

La globalisation heureuse

Avec son starport, Copacabana dispose d’une porte sur la Sphère ; la réciproque est également vraie : avec Copacabana, le reste de la Sphère dispose d’une porte vers la Terre. Bon, techniquement, c’est un peu la porte de derrière, l’entrée de service : la grande porte, c’est Brest (ou Thirteen Stars). Toujours est-il que de nombreuses compagnies transnationales ont choisi d’avoir leur représentation terrienne (ou, tout au moins, une d’entre elles) à Copacabana.

S’implanter à Copacabana est en même temps très simple et très compliqué : d’un côté, les autorités font des efforts pour faciliter l’installation d’activités économiques, mais de l’autre, le climat sociopolitique de la Ville libre est suffisamment particulier pour décourager les chantres du libéralisme à outrance. Le système fiscal, par exemple, est particulièrement complexe et, en apparence, très lourd pour les industries ; dans les faits, il prend en compte les effets économiques locaux, ce qui veut dire qu’il peut se montrer avantageux si on connaît quelques ficelles et qu’on réinvestit localement.

Ainsi, les compagnies qui s’installent à Copacabana sont, soit du genre « jeunes loups aux dents longues » et finissent souvent par se les casser sur la bureaucratie indigène, soit capables de s’adapter aux conditions locales et d’en tirer avantage. On n’y vient pas pour faire fortune en dix ans, mais plutôt pour mettre en place une stratégie à long terme ou pour améliorer son image de marque : de nombreuses compagnies multinationales y ont, par exemple, une agence de promotion culturelle, qui opère à la limite du mécénat (et est financée sur le budget « promotion »).

Parmi toutes les compagnies ayant ouvert un bureau dans la Ville libre, on distingue en gros deux écoles : ceux qui reposent sur la main d’œuvre locale et ceux qui importent le savoir-faire ; la plupart du temps, on a cependant droit à un mélange des deux. La succursale moyenne a une structure de direction composée d’expatriés, qui encadre un nombre variable de tâcherons indigènes ; ceux des cadres qui sont d’origine copacajun, soit reviennent au pays après plusieurs années auprès de la maison mère, soit ont monté les échelons au cours des années. S’il est rare qu’une compagnie parachute une escouade d’allogènes, il est plus courant qu’elle mandate une compagnie locale, implantée de longue date, pour servir de « partenaire local ».

Étudiants, poil aux diants !

Le troisième pôle d’attrait pour les étrangers de Copacabana, c’est l’université. L’université de Copacabana est en fait une continuation directe de l’ancienne haute école de Rio de Janeiro. Cette dernière avait été abandonnée peu après la prise de pouvoir des Américains (et les révoltes qui avaient suivi) et, dans la foulée, tout le quartier avait été mis en quarantaine, avant d’être transformé en ghetto mutant. La légende dit que les cours n’ont en fait jamais cessé, sous l’impulsion d’un professeur de biologie, réfugié de guerre, Olger Sveriksen ; plus tard, l’université portera son nom.

Aujourd’hui, l’université de Copacabana s’étend au milieu du Jardin Botanico et de sa végétation luxuriante. Ce n’est pas un campus au sens habituel du terme : il ne compte que quelques rares bâtiments d’habitations, à la réputation pas très enthousiasmante (arachnophobes, s’abstenir !). Étudiants et professeurs logent en ville, surtout à Copacabana, Botafogo et Rio Norde. La plupart vivent en colocation et la mixité culturelle, sans être officiellement encouragée, est la règle ; seuls quelques traditionalistes incorrigibles (Karlan, clans eyldarin ou atalen reculés) tendent à former des ghettos ethniques.

Au niveau de la Terre, elle n’est pas exactement réputée pour son excellence académique, encore moins dans la Sphère, mais c’est une école qui a surtout fait le choix de fournir une éducation populaire, accessible à tous, et sur le plus grand éventail de sujets possible. En ce sens, elle a beaucoup emprunté au modèle eyldarin, y compris en encourageant les étudiants à prendre des cursus multiples et variés. C’est probablement aussi pour cette raison qu’elle est le premier choix des étudiants de la sphère atlano-eyldarin venus étudier sur Terre.

Copacabana a aussi, rattachée à l’université, l’une des rares académies civiles de pilotage spatial dans la sphère terrienne. La Cruz del Sud Academia est située dans une annexe du starport et a des locaux dans la station orbitale « Yuri Gagarin », un des terminaux stellaires majeurs de la Terre. La formation complète dure six ans, mais il est possible de faire plus court, si on a déjà une licence de pilote ou des équivalences du même genre. Un certain nombre de pilotes civils highlanders sont d’ailleurs passés par la « Cruz Academy ».

La vie estudiantine est très animée et caractérisée par sa foule de clubs, un peu sur le modèle japonais. Il y a des clubs pour tout – et un certain nombre pour rien, aussi. Leurs activités peuvent être sportives, artistiques, intellectuelles, ludiques et/ou sociales. L’université a un budget spécifique pour les clubs, qui est alloué selon les besoins par une commission mixte (administration et étudiants) à la réputation de férocité qui tient beaucoup de la commedia dell’arte.

La plupart des étudiants – surtout les non-copacajuns – ont un ou plusieurs emplois. Ces petits boulots ont rarement un but de subsistance, car l’État est assez généreux au niveau des bourses, prêts étudiants et autres aides sociales, mais servent plutôt à mettre du chili dans les haricots et à payer pour les loisirs. C’est une clientèle assez appréciée de l’économie locale, car très bohème dans ses dépenses.