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Diable & Boîte

De Tivipédia

Le Diable & la Boîte

Look & Packaging dans la Sphère

Une des activités dominantes de la Sphère est, naturellement, le commerce. Toutefois vu le coût des transports, déplacer des biens de consommation sur des années-lumière n’est généralement pas rentable. De plus, ce qui plaît aux Siyani ne plaît généralement pas aux Humains (et vice versa). Ces petits inconvénients techniques et culturels ne furent naturellement pas suffisants pour arrêter les commerçants de tous poils et écailles que compte la Sphère. Le commerce a simplement pris des voies contournant ces difficultés.

La première solution consiste à vendre des biens de luxe, c’est-à-dire suffisamment chers pour amortir les coûts de transports. La seconde voie, généralement choisie pour les biens de consommation, est de ne transporter que le minimum: les quelques éléments qui font leur identité. Cela veut dire que seules les entrailles d’un ordinateur ou d’un projecteur holographique feront le trajet. Tout ce qui peut être ajouté à moindre frais à l’arrivée ne fait pas le voyage. Carrosserie, boutons, connecteurs sont typiquement fabriqués dans une Micro-Usine et montés sur place.

Cette technique permet en outre de ne pas heurter les sensibilités culturelles et raciales: si on trouve dans toute la Sphère les mêmes téléphones portables, leurs boîtiers sont tous différents et adaptés à leurs marchés respectifs.

Ce texte a pour objet de présenter les différentes tendances selon races et ethnies. Il est bien clair que chaque cas souffre ses exceptions, la mode est par nature complexe et changeante, il s’agit ici plus d’un survol des grandes tendances que d’un inventaire précis.

Sphère d’influence eyldarin

Base de commerce par excellence. La communauté eyldarin a, durant des millénaires, dicté le bon goût dans la Sphère. Si les modes se sont calmées depuis les fastes de l’Arlauriëntur, les objets précieux (ou à l’air précieux) dominent toujours. Qu’il soit atalen ou eyldarin, chaque objet donnera l’impression d’être une pièce unique faite à la main durant des lieni. C’est parfois vrai, mais le plus souvent pas, les usines eyldarin sont passées maîtres dans la fabrication d’objets à l’allure précieuse. Cela a d’ailleurs provoqué l’essor de la profession des évaluateurs, qui ont la tâche très difficile de juger de la valeur des objets.

République eyldarin

Dans la sphère d’influence eyldarin au sol, le summum du “packaging”, c’est de cacher l’identité réelle de l’objet. Un assistant numérique portable ressemblera à un boîtier précieux contenant juste un plume et un calepin. Les matériaux de référence sont presque toujours organiques (bois, textiles, cuirs), dans de rares cas des minéraux bruts.

On distingue deux mouvances: la mouvance traditionnelle est très orientée vers des boîtiers assemblés sans clous ni vis et s’ouvrant généralement par des mouvements subtils et cachés. L’assemblage de différents matériaux (bois d’essences différentes) sert de base pour faire des dessins très stylisés. La sobriété et la subtilité sont les clefs du bon goût.

La nouvelle mouvance préfère des objets à l’allure moins artificielle, ressemblant en général plus à un végétal mutant qu’à un objet manufacturé. L’objet donnera toujours l’impression d’avoir “poussé” dans sa configuration actuelle. Si on retrouve encore des motifs abstraits, les scènes figuratives sont plus rares et considérées comme artificielles. Le but est surtout de mettre en valeur les qualités naturelles du matériau.

Dans certains cas extrêmes, l’objet ne ressemblera plus à un objet traditionnel ayant une fonction, mais à un élément naturel (feuille, fleur). Les détracteurs de cette mode (au sens eyldarin, cela dure depuis vingt lieni) affirment qu’il s’agit d’une simple mesure commerciale, si votre ordinateur ressemble à une branche morte tordue, vous aurez plus de chance de le perdre ou de le jeter au feu par erreur.

Dans tous les cas, un objet ne portera jamais de marque, même s’il est produit par millions d’exemplaires. Un subtil poinçon, qui dépasse rarement les 5 mm, est la seule signature. Toutes ces estampilles sont rassemblées dans le registre des artisants sur Dor Eydhel. Il est bien entendu que la position dans ce registre et les annotations sont des choses très importantes pour tous les artisants Eyldar.

Ligue atlani

Les Atlani traditionnels partagent avec les Eyldar le goût des objets dissimulés; encore plus que dans la République, il est de mauvais ton d’avoir un objet ayant même l’air technologique. La ressemblance s’arrête là. Si un micro-visiophone eyldarin ressemblera à un discret, mais élégant miroir, sa contrepartie atalen sera un médaillon d’apparat, voire même une épée (les épées traditionnelles atalen se révèlent souvent pleines de surprises). Les matériaux sont généralement minéraux: métaux et pierres précieuses sont deux classiques grandement appréciés. Les étoffes sont plus facilement teintes.

Dans les endroits où la tradition ne porte pas un poids aussi important, les objets tendent à être moins clinquants, les designs plus simples et des matériaux plus modestes. Les objets sont souvent en fer-blanc peint, rehaussé de tissus imprimés. Les découpages ainsi que la dentelle sont très populaires. La décoration la plus habituelle est composée de saynettes de la vie de tous les jours (on appelle cela des scènes de genre). Natures mortes et paysages sont les principaux classiques. Le style se rapproche en plus brut et plus naïf des illustrations eyldarin classiques, voire anciennes. Les couleurs primaires sont les plus appréciées.

Sur les planètes les plus cosmopolites, l’influence terrienne se fait sentir, notamment par des designs plus simples avec des formes abstraites et géométriques (chose quasi inconnue dans la mode traditionnelle).

Sphère d’influence terrienne

Depuis le fameux Choc terrien, la Terre est un marché fort intéressant, notamment à cause de son énorme fringale de produits de consommation. La technique du “packaging” est moins prononcée entre nations terriennes, pour de simples raisons de proximité. De plus, la plupart des régions limitrophes tendent à se déteindre dessus, ce qui fait qu’il n’y a pas tant de coupures nettes entre états, mais plutôt de subtiles transitions.

Europe

Les Années d’Ombre ont laissé leur marque. Les designs européens ont encore aujourd’hui des allures de produits reconstruits de briques et de brocs. C’est d’ailleurs plus un choix de mode qu’une nécessité.

Le matériau de prédilection pour les produits populaires est le “Trashica”, une substance qui peut ressembler à du Formica veiné, à une sorte de simili-bois, parfois à de l’ambre. Fabriqué exclusivement à partir de déchets recyclés, cette matière est très solide et durable. On la trouve dans toutes les couleurs, mais les favorites sont les couleurs chaudes et “naturelles”: brun, bordeau, vert sombre. Le jaune vif est proscrit (de nombreux objets sont fabriqués pour virer au jaune vif en présence de radioactivité). Le bleu est souvent évité, car considéré comme une couleur officielle (tous les uniformes européens sont d’une variante de bleu). Le blanc est souvent associé à la religion, parfois la noblesse et donc rare.

Les métaux polis ou soigneusement ouvragés sont considérés comme la référence en matière de bon goût; certains bois, voire, dans certains cas rares, du cuir, peuvent être utilisés pour rehausser l’image de l’objet. Le look affectionne les formes rondes et les métaux de couleur chaude: métaux semi-précieux (bronze, cuivre, argent) et bois sombres. Les historiens font souvent la rapprochement avec les objets du début du XXe siècle.

Les décorations sont le plus souvent non figuratives, avec des formes géométriques. La marque est généralement indiquée de manière discrète, très souvent en imitant une technique ancienne: chablon, tampon, etc. La chose la plus importante pour un objet européen est qu’il ait l’air usé: angle subtilement arrondis, patine, tout est bon pour donner l’impression que l’objet fonctionne parfaitement depuis un siècle, même si c’est le modèle du mois dernier. Attention, toutefois: l’usure doit être subtile, sembler être le résultat d’une utilisation précautionneuse mais prolongée - on est loin des jeans volontairement déchirés.

Amérique du nord

Sous l’influence corporative, les objets ont pris deux directions totalement opposées: d’un côté, les objets grand public, surtout destinés aux loisirs, recouverts de logos, de photos d’idoles et de couleurs criardes. De l’autre, les objets destinés à la vie corporative: très sobres et design, toujours de couleur sombre. La mode passe inlassablement du brun au noir, puis au bleu nuit, puis au gris, pour revenir au brun - et cela depuis près de deux siècles.

Les sujets de prédilection pour les objets de loisir sont les couleurs d’équipes de fightball ou de V-Duelling, des personnages des films éducatifs Disney-Heffner, ainsi que les photos d’acteurs réels ou virtuels en vogue. La plupart des objets ont d’ailleurs une interface programmée en accord (ou en “concordance”) avec l’apparence de l’objet. Ainsi, l’agenda de poche orné de la poupée Barbie aura aussi la voix et la personnalité (ou l’absence de) de celle-ci.

Le seul point commun entre ces deux opposés est l’omniprésence de la marque: toujours aussi grande que l’objet (parfois plus, grâce à des techniques holographiques), c’est cela qui détermine la valeur de l’objet. Dans la plupart des cas, la marque n’apparaît pas textuellement, mais grâce à un logotype totalement reconnaissable et protégé de toutes les manières imaginables.

La plupart des produis haut de gamme ne sont pas tant achetés que loués. On est donc prié de ramener son téléphone portable au magasin, où sa carrosserie sera changée pour être à la dernière mode et où il sera débloqué. Débloquer un appareil en fin de licence est un crime fédéral - c’est aussi un sport national.

La culture dite alternative est elle centrée sur des objets d’allure violente, souvent ornés de motifs et de slogans obscènes qui vaudraient des procès aux industriels qui se permettraient de produire de tels objets. Les matériaux sont généralement issus de l’armement: acier, duralliage de blindage, synthélast de combat. Souvent ces objets sont des armes en eux-mêmes: regorgeants de pointes cachées et d’autres surprises désagréables. Le concept a d’ailleurs été repris récemment par l’establishement. National Electronics fabrique en effet, depuis 2291, des assistants électroniques qui incluent pistolet laser et poignée cinétique: parfaitement assorti et adapté au tailleur et aux bas renforcés de Kevlar et au sac à main écran twin-screen de Weapons Are Us.

Australie

La présence de Central City et tout son appareil administratif conditionne très sérieusement le look des objets. Les objets sont sobres et fonctionnels: cela ressemble en général au look corporatif nord-américain - en moins design et sans la marque. Les matériaux sont généralement plus robustes que dans les designs US; deux matières dominent, le titane et une mousse plastique semi-rigide.

Les objets ont généralement une forme simple (au hasard, parallélipédique), avec des angles arrondis et renforcés. Les couleurs sont généralement militaires: bleu marine, gris, noir, beige, vert sombre et brun. Le modèle est généralement désigné par un système de marques qui rappelle les grades de l’armée highlander.

La principale décoration est le HSC (Highlander Serial Code). Ce code-barre se trouve sur tout les objets fabriqués en Fédération des hautes-terres. Le HSC est utilisé par toutes les administrations highlanders; il est impossible pour toute administration ou toute entreprise travaillant avec l’État d’acheter un objet qui n’a pas de HSC. Autant dire que c’est plus que nécessaire si l’on veut faire des affaires: le HSC est régulièrement utilisé pour empêcher des entreprises étrangères de vendre en Fédération des hautes-terres. Le défaut de ce nombre est que tous les objets sont traçables, tout receleur agissant dans la Fédération des hautes-terres doit savoir jouer avec les HSC.

Asie

Culturellement, l’Empire du milieu s’est rapidement arrogé la position dominante. Les villes du sud de la Chine continentale dictent avec énergie la mode de la Fédération highlander d'Asie. Le design des objets en Asie est dicté par l’art rituel du Design Shui. Tous les designers renommés sont des adeptes de cette pratique qui reprend la théorie du feng shui à une plus petite échelle. Le choix des matériaux, des formes et de couleurs est entièrement conditionné par les milliers de règles de l’art en question.

Les couleurs dominantes sont le rouge, le bleu et l’or. Si les boîtiers sont, le plus généralement, faits de plastique de recyclage ou de métal de basse qualité, l’objet est généralement enrobé de matériau plus noble: soie, peau d’animal rare, etc. Le choix du matériau n’est jamais innocent: il cherche toujours à accroître la chance du porteur de l’objet. Ainsi les téléphones portables sont recouverts de peau de serpent rehaussée d’or et les crosses des armes de fourrure de tigre (clonée). La décoration est généralement figurative, avec une grande part d’animaux mythologiques (dragons) ou des personnages (depuis le visage stylisé de Gabriel Fore jusqu’au images érotiques). Le HSC est toujours présent, même si des efforts terribles sont faits pour l’intégrer ou le rendre discret; ne vous étonnez donc pas si la façade du temple est en fait un code-barre.

À noter qu’un effort particulier est destiné au son. Un objet destiné au marché asiatique doit faire du bruit, de préférence une musique complexe et amusante, toujours parfaitement accordée à l’apparence visuelle de l’objet. La personnalité et l’interface sont naturellement conçues en fonction de ce critère. La tradition veut d’ailleurs que le plus bête des appareils électroniques soit capable de faire de simples tirages de Yi-King. Les appareils plus complexes se doublent très souvent de recueils de savoir: paroles de Confucius, de Gabriel Fore, de Bouddha ou de Mao. Il y a toujours un brin de sagesse millénaire.

Principalement sous l’influence des Asiatiques de la côte ouest de l’Amérique du nord, des designs plus sobres tendent à faire leur entrée dans le marché asiatique. Une emphase toute particulière est portée sur l’intelligence: l’objet doit presque être doté d’une vie propre. Un produit qui a permis aux firmes électroniques des NAUS de faire leur entrée dans le marché chinois est l’autel familial avec ancêtres programmés.

Afrique

Si la République panafricaine n’est plus qu’un lointain souvenir, son influence se fait encore sentir. Malgré son existence éphémère, les efforts pour fabriquer une culture panafricaine marquent encore le design actuel. Les boîtiers sont souvent en céramique de couleur intense: rouge, mauve, or, vert émeraude, bleu roi. Les motifs sont généralement abstraits, parfois réhaussés de dessins bruts, notamment des silhouettes stylisées. Né du mélange de l’iconographie moderne et de traditions graphiques ancestrales, le style panafricain est devenu une des bases de la culture terrienne.

Un des aspects les plus importants des objets est la texture, chaque carrosserie a un toucher propre. Certains maîtres artisans savent faire des textures au propriétés relaxantes, voire excitantes. Les interfaces utilisent un langage composé d’idéogrammes, eux aussi conçus par la République panafricaine. Le gouvernement essaie depuis près d’un siècle d’effacer cette marque culturelle anti-highlander, en vain: les designs sobres de Central City ne convainquent personne. La seule concession pratique est la présence du HSC.

Amérique du sud

Plus que tout autre continent, l’Amérique du sud est au croisement culturel de la terre. Les mouvements de populations entre les deux sub-continents Américains ont grandement influé les modes en Amérique du sud. L’Afrique a aussi une grande influence sur l’Amérique du sud, surtout depuis l’émergence de la Fédération des hautes-terres. Par le biais de Copacabana, on ressent aussi une légère influence eyldarin.

On peut caractériser assez simplement le style sud-américain: exubérant. L’avancement technologique des États-Unis du sud a poussé vers le modernisme: c’est là que les matériaux les plus modernes sont le plus facilement utilisés.

Le résultat est des boîtiers aux décorations très complexes, avec souvent un soucis du détail microscopique. Les imageries traditionnelles sud-américaines sont reproduites à l’infini. Motifs végétaux, symboles religieux et textures mathématiques sont entrelacés pour donner l’effet le plus intense. Les matériaux les plus populaires sont les pierres précieuses synthétiques (p. ex un boîtier de téléphone portable fait d’une seul tenant de rubis), ainsi que certains alliages de métaux aux caractéristiques curieuses (semi-translucides, fluorescents). Le fait d’exposer les circuits intérieurs par translucence est très commun. Les saynettes animées sont aussi très prisées, les objets illustrés de la vie du Christ sont d’ailleurs une des bases des objets populaires.

Sphère d’influence siyansk

Pour les Siyani, la principalement contribution de la Terre à la culture stellaire se résume aux lampes à lave (pour certains Eyldar, c’est une des raison pour laquelle elle aurait dû être détruite). Expliquer le packaging siyansk revient à expliquer l’art siyansk - c'est impossible. Plus qu’ailleurs la transformation d’objets pour les adapter aux clients est une des bases de la culture marchande siyansk. On ne peut vendre qu’un seul communicateur à un Siyan, mais on peut lui vendre une infinité de carrosseries différentes pour celui-ci.

La première chose qui frappe un Humain concernant les objets siyansk est leur couleur: les Siyani ne voient que des nuances de gris, les autres habitants de la Sphère doivent donc en subir les conséquences. La seconde est que les objets sont conçus et formés pour être tenus par une grande main ornée de trois tentacules, ce qui implique des formes très curieuses.

Pour ce qui est la décoration elle-même, on peut la résumer par le terme "bizarre". Les objets sont invariablement scintillants, ornés de motifs géométriques mouvants et souples et gluants au toucher. La plupart des objets sont en fait mous - on peut les déformer, ne serait ce que pour les tenir. D’une certaine manière, les objets siyansk allient un aspect totalement synthétique, avec un toucher très vivant.