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Stenweyr

De Tivipédia

Les Humains disent que la seule chose que les Eyldar préférent aux jeux de mots, c'est les jeux de lettres.

S'il est vrai que le Scrabble ressuscité a eu un certain succès, loin d'être d'estime, il l'est tout autant que l'écriture eyldarin d'aujourd'hui est très stable et ne connaît que peu de modifications.

Ce ne fut pas toujours le cas.

Qu'est ce que le Stenweyr ?

Description succincte

Le Stenweyr est le cousin pauvre de la variante "technique" de l'alphabet eyldarin, le Tanweyr, dont il est en inspiration direct. Il a été largement remanié par les linguistes Eyldar qui ont participé à sa formation et peut aussi servir à écrire dans plusieurs autres langues (comme en Galactique), même si dans la pratique cela n'arrive presque jamais.

Outre sa graphie sensiblement différente, cette écriture s'éloigne du Tanweyr officiel par l'histoire de sa création. Le Stenweyr a, en effet, été en partie conçu comme une forme de résistance passive à la machine culturelle destructrice de l'Arlauriëntur et en partie comme un outil de réflexion profonde sur la relation entre contenant et contenu. Son officialisation, ratée de peu lors de la Révolution eyldarin, est toujours soutenue par un certain nombre de philosophes et de linguistes.

Approche passive

Cette écriture est historiquement un pot-pourri de toutes les minuscules modifications réalisées sur les variantes locales du Tanweyr par les différentes communautés eyldarin entre l'Exil et la formation de l'Arlauriëntur.

L'une des premières améliorations remarquables par rapport au Tanweyr et au Siranweyr est l'ajout des caractères modaux, dont les caractères de redoublements, les caractères d'échappements et les caractères spatiaux. Ces caractères ont été créés par les clans stellaires et utilisés en tant qu'ajout mécanique en des temps difficiles.

Les premiers permettent de redoubler une ou plusieurs lettres par l'ajout de ligatures spécialisés et sont fréquemment utilisé comme emphase, tandis que les deuxième se spécialisent dans plusieurs fonctions exotiques, comme retourner le sens de lecture des Tehtar ou permettre l'accentuation marquée. Enfin, traditionnellement, le Tanweyr peut s'écrire de gauche à droite comme de droite à gauche, voire de bas en haut ou de haut en bas, en zig-zag ou en tourbillon, ceci dans le plus complet foutoir. Les caractères spatiaux marquent le sens de lecture et servent aussi de modificateur de graphèmes.

Le Stenweyr utilise toujours les Tehtar, les ligatures censées représenter les voyelles qu'on ajoute aux consonnes. Question de prestige. Néanmoins, ceux-ci suivent un sens de lecture beaucoup plus dirigiste que dans le Tanweyr primordial. Il est par exemple impossible d'en mettre deux sur le même graphème (comme cela s'est autrefois vu dans des textes affreusement écrit de l'ancienne Erdorin), sauf modificateur modal spécialisé.

De nombreux raccourcis d'écriture stylisés ont été créés après l'Exil par les Eyldar et les Atlani pour désigner les ensembles phonétiques qui revenaient souvent ou les mots fréquents. Ces raccourcis ont été gardés, ajoutés et étendus et sont, contrairement au Tanweyr et Siranweyr, très couramment utilisé, ce qui en fait une écriture à moitié sémantique.

Les graphèmes principaux ont été souvent modifiés par l'ajout de ligatures spécialisés et par la présence de caractères modaux. De fait, plusieurs glyphes existent souvent pour un même phonème, selon l'accentuation et le sous-entendu voulant être passé, voire sa place dans la phrase.

Quelques universitaires affirment que le Stenweyr est inutilement compliqué, mais bon, ce sont des rabat-joie. D'autres affirment qu'il réalise la conjonction parfaite entre efficacité et concision. La vérité se situe certainement un peu entre les deux.

Utilisateurs

Le Stenweyr est assez connus dans les FEF où il est lu et écrit par beaucoup d'Atlani et d'Eyldar. Il sert quelque fois comme écriture secrète de clubs estudiantins, plus souvent trouvé dans les échanges épistolaires d'intellectuels de haut niveau. Il existe même des tags en Stenweyr, c'est dire !

Outre cette niche historique, aujourd'hui, le Stenweyr prend une certaine vitesse dans des milieux culturels très particuliers. En simplifiant, on peut dire qu'outre les vieux barbus et les jeunes cons, les anarchistes de tous poils ont récupéré cette écriture. Le Stenweyr galactique, variante quelque peu dérivée et très simplifiée du Stenweyr eyldarin, sert comme véhicule pour toutes sortes de slogans ardents, souvent avec une méconnaissance totale de l'histoire qui a conduit à sa création. Un sorte de tee-shirt Che Guevara très ciblé, en somme...

C'est bien beau, ça, mais c'est dans la théorie. Dans la pratique, la nouvelle génération eyldarin se trouve bien plus active dans le combat pour cette écriture, pour des raisons compliquées allant du combat de génération à l'envie d'emmerder le monde de manière générale ; et la sortie du premier magazine eyldarin écrit en Stenweyr, Fosal Govon, a fait faire un certain bond à cette calligraphie insolite. Les modes chez les jeunes, comme disait ma grand-mère, faut pas chercher à comprendre.

Entérinant pour une fois une pratique courante, les Royaumes intérieurs ont adopté le Stenweyr comme écriture officielle et, dans la foulée et pour des raisons principalement techniques, ont adopté la langue allant avec. C'est oublier que cette langue est encore passablement bancale et très peu utilisé, mais peu de gens prennent ceci en considération. Voir Stenweyr, la langue

Historique

Début des temps : Le Tanweyr est créé

6-1-1 : Exil. Les Tanweyr planétaires commencent doucement à dériver.

6-31-64 : Élaboration du Tanweyr galactique qui gouvernera sur toutes les communications interstellaires.

6-39-67 : Incident du Tilde. À noter que ses modalités exactes furent perdues en même temps que l'atomisation du Palais aux Mille Jardins. Tout ce que l'on sait, c'est qu'il impliqua un texte important, des tildes qui n'auraient pas dû être là et une crise évitée de peu... Mise en place d'une commission d'experts sur le problème Tanweyr.

6-39-69 : Les dirigeants décident d'harmoniser tous les Tanweyr avec le Tanweyr initial, d'Erdorin. Levée de bouclier générale. Crise politique.
(une semaine plus tard) Mise en place d'une seconde commission, pour faire bonne figure.

6-39-70 : Un vague brouillon de résistance intellectuelle s'unifie autour de la Frontière. Après une naissance difficile, il grandit petit à petit en même temps qu'il se fait connaître.

6-39-73 : La seconde commission remet son verdict. Quelques personnes influentes s'allient à la philosophe reconnue Lorinië et essayent de "faire changer d'avis l'Arlauriëntur" en pratiquant un lobbying intense.
Durant les quatre prochains lieni, les écrits enflammés de Lorinië lui vaudront une certaine admiration ainsi que beaucoup d'ennemis.

6-43-78 : Ses amis préviennent Lorinië : si elle continue comme ça, ils ne pourront pas la protéger encore longtemps. Elle s'enfuit de la cour d'Eridia et atterrit dans la frontière, où elle rencontre la résistance philosophique anti-Arlauriëntur. Ensemble, ils mettront le projet Stenweyr au point.
Durant les 20 prochains lieni, le projet connaît bien des déboires, des succès, qui formeraient une épopée à eux tous seuls. Rapidement, toutes les élites intellectuelles de la Frontière s'y mettent, aidées en cachette par une bonne part de la société philosophique de l'Arlauriëntur.

6-52-100 : Un attentat tue Lorinië dans des circonstances au mieux obscures alors qu'elle se rendait incognito sur Eridia. Le Stenweyr accuse le coup, mais continue sur sa lancée, jusqu'à englober en 6-52-138 une bonne partie des élites anti-Arlauriëntur eyldarin, qui se lancent vaillamment dans d'autres projets annexes. Exemple : Le Stenweyr, la langue.

6-78-139 : La Chute. Le Stenweyr est enfin sorti au grand jour.

6-78-143 : Dans le plus pur esprit Alturishanien, les Royaumes intérieurs décident de choisir comme écriture officielle le Stenweyr, dans l'une des plus mémorables séances du Cepmes qui n'ait jamais eu lieu. La République eyldarin réplique que, selon l'article 46-b du règlement intérieur du Cepmes, seules les langues peuvent devenir officielles ; sans se démonter, les Royaumes intérieurs décrètent que leur langue officielle, c'est aussi le Stenweyr. Coup de gueule général.

Les Tanweyrs Planètaires

Personne ne sait exactement où le Tanweyr, l'écriture eyldarin, est née. Est-elle le fruit d'une seule communauté qui diffusa ensuite sa création aux autres, comme ce fut le cas pour le latin romain ? Est-elle une création universelle, stimulée par les échanges commerciaux naissants, comme le grec ? Est-elle la création d'une pan-culture orginale qui se serait éclatée ?

Toujours est-il qu'à la fin du cinquième Âge eyldarin, le Tanweyr s'était stabilisé en une écriture planétaire qui ne différait guère (mais quelle sens donner à ce guère ? Les historiens ont jeté l'éponge depuis longtemps) d'un endroit à un autre.

L'Exil

L'Exil changea le tout.

Car, si peu qu'il y ait de différences entre les écritures, il y en avait. Lorsque les vaisseaux arrivèrent sur les trois planètes-mères, les communautés furent brusquement coupées du reste de la civilisation eyldarin et commencèrent à évoluer lentement. Ce qui n'était au début que des différences mineures, un coup de pinceau par là, un accent en plus ou en moins, un tilde ou pas, augmenta petit à petit au fil du temps.

Profondément modifié par les besoins matériels ou par les différences ethniques, le Tanweyr original fut perdu et ce fut bien six différentes sortes de Tanweyr, en comptant celle des Atlani, qui commencèrent à dériver autour.

Les retrouvailles

Lorsque les occupants des trois premières planètes se découvrirent, ils eurent donc la surprise de découvrir la copie du voisin remplie de ratures, d'incohérences et d'autres trucs pas normaux. Après quelque bourdes dues à des incompréhensions mineures, l'écriture interplanétaire se débarrassa, non sans mal, des particularités locales. Néanmoins, cette écriture ne put s'imposer dans les moeurs ; et pendant longtemps, il exista une écriture épurée pour l'espace, une différente pour les planètes.

L'éclatement

L'éclatement culturel, les changements de planètes suivants, tout cela aurait dû détruire ses spécificités planétaires, pensait-on. Ce fut tout autre.

Les colons, important leur propre grammaire de leur planète d'origine, se firent un devoir culturel de la changer dès leur arrivée à destination. C'était beaucoup plus facile que changer la langue et ça renforçait les liens, alors, pourquoi s'en priver ?

Les clans eux-mêmes codèrent leur Tanweyr avec des belles lettres sphéroïdes dont la particularité principale était d'être belle, l'autre d'être difficile à déchiffrer. Pendant un moment, il y eut une mode des lettres, particularisme bien eyldarin parmi tant d'autres.

La rencontre

La rencontre avec les Atlani, qui avait eux-mêmes subi une dérivation équivalente de leur côté, fut en quelque sorte la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Mais on avait bien d'autre chats à fouetter, et la réforme fut remise à plus tard.

D'autant plus que, après des lieni d'immobilisme, avec le développement des communications, le Tanweyr spatial finissait petit à petit par gagner du terrain sur ses homologues terrestres.

L'Arlaurientür

Finalement, l'Arlauriëntur fut. Dans la difficulté, dans la complexité, mais fut.

Et, pour cette Arlauriëntur-là, des écritures différentes pour des communautées différentes, c'était inacceptable. D'autant plus que le Tanweyr de l'espace n'était pas stable non plus...

La grande réforme dite du "tilde"

En 6-39-67, utilisant comme prétexte un accident diplomatique basé sur un document rempli de tildes où il ne fallait pas, l'Arlauriëntur mis sur pied une fratrie de spécialistes des langues (et le principe créateur sait qu'il y en des bons chez les Eyldar) avec pour mission de retrouver le Tanweyr originel, celui qui s'était perdu. Le coup fut-il prémédité ou fut-ce juste un hasard ?

Toujours est-il que, d'abord secrète, puis franchement oubliée, cette commission sortit de l'obscurité deux lieni plus tard lorsqu'elle remit le résultat de ses recherches ininterrompues sur le bureau de l'Arlauriëntur. Et l'Arlauriëntur de trouver ça génial, si terriblement bon, si fantastiquement eyldarin et puis surtout si pratique qu'il décida du même coup d'imposer ce standard partout. Et quand je dit partout, c'est partout.

Guerre et paix

Le tollé qui suivit fut pour beaucoup sans précédent, pouvant se comparer (à une échelle bien réduite, évidemment) à la guerre civile de 6-78-139 qui termina tragiquement l'Arlauriëntur.

En une semaine, tous les critiques intellectuels, tous les libres-penseurs et autres chiants dans le genre crièrent à un "Culturicide" organisé. Des planètes entières refusèrent ce nouvel amendement ; pendant un mois, des insultes furent lancées à travers tout le Palais aux Mille Jardins, et croyez-le, ce fut une première.

Pour une fois, l'Arlauriëntur réagit rapidement en lançant une autre commission d'experts - sans pour autant retirer le bel amendement, on est d'accord ; l'Arlauriëntur a toujours raison. Las, le débat public prit des proportions inimaginables lorsque, quatre lieni plus tard (on est rapide ou on ne l'est pas), ils eurent exactement le même verdict, ajoutant même : "En l'état actuel des choses, ce serait la solution la plus raisonnable".

La naissance du Stenweyr

Qui a dit que les Eyldar étaient raisonnables ?

Devant la volonté forte de l'Arlauriëntur, trouvant que décidément tout ce remue-ménage n'était pas bon pour les affaires, d'imposer par la force si nécessaire ce nouveau Tanweyr, la fragile société philosophique eyldarin, que tout le monde croyait inexistante ou du moins éteinte, commença doucement à former un réseau furtif mais dense cristallisé autour de ce problème ethnique. Les plus grands philosophes de ces lieni discutèrent, parlèrent, se rencontrèrent, en cachette ou bien devant les médias, avec l'approbation des peuples ou seuls ; et trente lieni plus tard, contre vents et marées, le Stenweyr nacquit.

La réaction de L'Arlauriëntur

Bon, je passe rapidement sur la réaction du glorieux empire, qui fut, en somme : "Exterminez cette hérésie que je ne saurais voir". Après quelque répressions discrètes de la populace et une campagne de propagande digne de Gabriel Fore, le Stenweyr fut mis au rebut, irrémédiablement destiné aux anarchistes et libres-penseurs (la différence?) de toutes espèces, et le Tanweyr finit (enfin !) par devenir vraiment universel.

Le Stenweyr devint une sorte d'icône populaire, l'écriture secrète de tout ceux qui contestaient le régime, de tous les conspirateurs, de toutes les Saintes Figures de la Résistance. Et pendant les lieni suivants, cette écriture fut constamment mise en évolution, allégée, améliorée, avec l'étonnante opiniâtreté que peuvent mettre certains Eyldar dans une tâche importante.

Les conséquences de la chute

Avec la révolution, la donne fut radicalement modifiée. Plus de répressions médiatiques : le Stenweyr put enfin raconter son histoire sans risquer son atomisation ; un communautarisme (enfin !) à peu près libre, et surtout un esprit de "veut pas faire comme avant" digne des plus beaux jours du calendrier révolutionnaires.

Résultat ? Le Stenweyr sortit de son trou secret et rayonna. Beaucoup. Pendant les premiers temps, certains émirent même l'idée d'en faire l'écriture officielle de la nouvelle république en construction.

Puis, aussi rapidement que l'idée fut émise, elle fut abandonnée devant l'immobilisme de la société eyldarin et surtout devant le manque flagrant de moyens (il n'avait pas 400 A.L de forces armées derrière eux, eux) dont ils disposaient. Et le Stenweyr de retomber au rang de bizarrerie, de sujet d'études et de fantasmes pour les Eyldar.

Autre conséquence annexe de la Chute : avec la fin des pressions extérieures pour garder le Siranweyr unifié, il recommença doucement à dériver, notamment dans pas mal de communautés plus ou moins perdues de la Sphère. Et oui, on ne se refait pas...