Laservision/Mind’s Eye (« Watch the World ! »)

Les mass media en général, et la télévision en particulier, sont une de ces inventions terriennes qui ont surpris la Sphère. Pas tant qu’on ne connaissait pas la transmission d’images, d’informations et de divertissements, mais l’idée de combiner les trois ensemble n’était encore venue à personne.

Des chaînes comme Laservision / Mind’s Eye ont aussi apporté le journalisme d’investigation. Les peuples de la Sphère n’avaient jusqu’alors qu’une vague idée de ce que bricolaient leurs gouvernants et, à vrai dire, ne tenaient pas à le savoir. Payer des gens pour mettre leur nez là-dedans apparut une fois encore comme une nouveauté.

Ce n’est pas rien de dire que ce ne fut pas du goût de tout le monde : le Cepmes eut même à examiner une motion pour classer le journalisme comme une activité d’espionnage. Mais c’est comme pour tout : on s’habitue. Même si le journalisme reste une activité majoritairement terrienne, il fait maintenant partie du décor. Certains non-Terriens trouvent même ça amusant.

Historique

Mind’s Eye est une des premières chaînes de télévision à avoir eu pour ambition de couvrir assez largement l’espace non-Terrien. À l’origine, on trouve une petite station locale de Columbus, Ardanya, fondée par des expatriés terriens vers 1996 et rachetée en 2108 par une équipe américaine et européenne, qui installe bureaux et studios dans les nouvelles Cités franches d’Eridia et loue un émetteur tachyonique. Elle commence à émettre en 2110 vers les nouvelles colonies terriennes et, via des relais régionaux, jusque sur Terre.

On s’est longtemps posé la question de l’origine des fonds initiaux de Mind’s Eye ; au vu de la période, on a longtemps soupçonné des investissements offshore du crime organisé, au moment de sa grande débâcle terrienne. Ce n’est probablement pas le cas : cinq des membres fondateurs étaient à la tête de fortunes personnelles considérables. Mais les comptes originels de la compagnie ont subi quelques « coupes sélectives » au cours des déménagements, ce qui les rend particulièrement opaques.

La chaîne doit principalement sa réputation à son action lors de la prise d’Alt par la Fédération des hautes-terres. Une équipe de reportage se trouvait sur la planète lors de l’invasion et, après une évasion, le vol d’uniformes highlanders et le détournement d’un vaisseau rapide, les journalistes annoncent l’invasion, moins de quatre jours après le début des hostilités. Du coup, les Highlanders se font sérieusement montrer du doigt et la Sphère découvre la puissance de la presse.

Le problème principal de Mind’s Eye a été pendant longtemps les coûts d’exploitation liés à la retransmission de ses programmes à l’échelle interstellaire. En 2187, Mind’s Eye entre dans un « partenariat stratégique » avec Laservision – une des rares compagnies audiovisuelles américaines qui n’appartienne pas à l’un des deux conglomérats, USMedia ou NorAmNet. Ce partenariat a permis aux deux réseaux d’acheter leurs propres antennes, sur la Lune, Asgard, Fantir et Alenia, ainsi que d’obtenir de la bande passante sur d’autres réseaux tachyoniques à de meilleures conditions. Les deux chaînes ont fini par fusionner leur offre en 2201.

Organisation

Laservision / Mind’s Eye se retrouvent au sein d’une holding, baptisée Tachyomedia et basée dans les Cités franches d’Eridia. Un arrangement avec la République eyldarin pour l’usage des antennes tachyoniques leur a permis de réduire les charges fiscales. La chaîne est financée à 80% par les abonnements et à 15% par la publicité. Les 5% restants viennent de fonds privés et de mécénat.

Dans les faits, les deux compagnies sont très indépendantes l’une de l’autre, avec une culture d’entreprise radicalement opposée : Laservision, basée à Los Angeles, est une grosse compagnie, qui recherche l’audience et fait dans les informations en temps réel, le sport et les divertissements bas de gamme. Mind’s Eye est installée sur Eridia, avec un réseau de correspondants à travers toute la Sphère ; son administration centrale est un petit noyau, qui travaille plus comme une famille que comme une entreprise. Les programmes de Mind’s Eye sont plutôt axés sur les reportages, les documentaires, les débats et les fictions.

Malgré de telles différences, les dirigeants des deux compagnies parviennent à trouver un terrain d’entente. Les experts de la branche ont longtemps pensé que l’une ou l’autre prendrait un jour le dessus ; en un siècle, ce n’est jamais arrivé. On dit souvent qu’elles sont si différentes qu’elles ne cherchent même plus à se comprendre, mais cohabitent chacune dans leur coin.

La compagnie compte 1’200 employés, dont 200 sur Eridia et 500 à Los Angeles. Entre son réseau et celui de Laservision, Mind’s Eye couvre tout l’espace terrien et atalen, une bonne partie de l’espace eyldarin et une moitié de la Frontière et de la GMS. On dit que même les ports-francs karlan captent certaines émissions...

Services

Mind’s Eye est une chaîne à péage ; ses programmes sont cryptés de façon à n’être reçu que par les abonnés qui ont le code idoine. C’est en tous cas la théorie. En pratique, il existe des décodeurs « pirate » à l’efficacité aléatoire, ainsi des petits malins qui décodent l’image une fois, puis la redistribuent décodée. La compagnie gère le premier problème en restant à la pointe de la technologie et en changeant suffisamment souvent ses systèmes de cryptage pour décourager les moins persévérants des pirates ; quand au second, il a parfois droit à la visite d’avocats méchants. Mind’s Eye plaisante avec beaucoup de choses, mais pas avec son fond de commerce.

Mind’s Eye, c’est une chaîne généraliste et une tripotée de sous-chaines thématiques : informations, sport, musique, films, etc. C’est aussi des services interactifs, souvent publicitaires. La plupart des programmes sont accessibles dans les six principales langues terriennes (anglais galactique, xinhuanti, slave unifié, hindi, arabe et espagnol latino), plus l’atalen ; quelques-uns sont aussi traduits en eyldarin. Des sous-titres sont aussi disponibles pour à peu près tous les langages de la Sphère.

Mind’s Eye a été la première à développer une technologie permettant de voir ses images dans les trois formats : holo-animation (holovision), léger relief (3-View) ou image plate. L’abonnement annuel aux émissions de la chaîne coûte 2000$.